De l'amour à la haine, entre un père & sa fille

Bien le bonjour, moi c’est Sarah.
Dorénavant, pour l’une de vous il conviendra
De partager sa belle cellule avec moi.
La question qui primera sera surement : pourquoi ?

Je pourrai vous faire croire que l’histoire est simple.
Ce n’est pas le cas, j’ai quand même utilisé un flingue.
Je crois que j’en pouvais plus de vivre dans la peur,
J’pensais pas qu’être homo était un si grand malheur.

Pour ma part, c’était pire qu’un fardeau.
Plusieurs fois j’ai même hésité à dormir au boulot.
Parce qu’il a rapidement compris que c’était comme un frère, Bruno.
À l’école, on m’avait pourtant inculqué l’illusion qu’était celle que nous étions tous égaux.

Il avait pourtant remarqué que depuis mon plus jeune âge,
J’avais un comportement différent de toutes les autres petites filles.
Elles passaient leur temps à acheter du maquillage,
Pendant qu’avec les garçons je jouais au football ou aux billes.

Après avoir volé les talons de leur mère,
Moi, j’enlevais mes bottes en caoutchouc recouvertes de terre.
Faut dire qu’il a eu une fille, oui, mais pas avec les bons critères.
Bref, vous l’aurez compris ; je n’étais pas celle qu’espérait mon père.

Il pensait surement qu’à force de coups, ça finirait par changer les choses.
Que du jour au lendemain, j’allais devenir hétéro et finir mes jours avec un homme.
Selon moi, à cause de la violence trop peu de gens osent.
Et puis, c’est pas parce que tu possèdes des couil… qu’t’es un bonhomme.

Personnellement, je pense qu’il n’a rien compris.
Que ce soit par rapport à moi ou aux valeurs de la vie.
Je me demande même s’il m’a ne fut-ce qu’un jour aimé.
Sinon pourquoi aurait-il essayé tant d’années de me changer ?

Je repense sans cesse à nos moments ensemble passés
et me dis que j’aurais adoré voir dans ses yeux de la fierté.
L’instant d’après je réalise que j’ai tout de même appuyé sur la gâchette.
Je ne pourrai jamais nier que cette situation, je la regrette.

Je ne sais pas ce qui sera le pire dans les mois qui seront à venir :
Ne plus l’entendre rire ou qu’il n’ait pu me voir m’épanouir ?
Je suis presque convaincue qu’il a voulu faire de moi la meilleure des enfants.
Quand j’y réfléchis, c’est vrai, pour m’avoir il a quand même perdu maman.

Maintenant que vous connaissez mon histoire,
Je vous remercierai de ne pas poser de questions.
Je ne demanderai qu’une seule chose à faire avec attention :
Ne me laissez pas sombrer comme lui en me mettant à boire.

Après la déprime les filles, je vous demanderai vos petits noms.
Quand j’irai mieux, viendra le temps de faire la fête, non ?
Pour avoir tué mon père, j’vais finir mes jours en prison.
Le point positif est que… j’pourrai profiter des canons.

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